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SAINT SEBASTIEN DOCUMENTATION

30 mars 2018

DROLE DE DESTIN

Le drôle de destin de Saint-Sébastien (de martyr chrétien à icône gay)

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30 mars 2018

SAGITTATION SAINT SEBASTIEN

Analyse de tableaux : la sagittation de St Sébastien

par ARSA LIVE

Lors du voyage à Venise, nous verrons plus particulièrement une représentation de St Sébastien par Mantegna à la Ca' d'Oro. C'est l'occasion de nous pencher sur cette figure de St Sébastien.
Le tableau de Mantegna dans le cadre de sa présentation à la Ca d'Oro
La sagittation de Saint Sébastien comme image de la Renaissance
Analyse plastique et iconique de sa représentation

1/ Les St-Sébastien de Dresde : Mantegna et Antonello de Messinna

1450-1500 (quatrocento) deux œuvres dominent :
• Antonello (de Messine) 1475 Dresde
• Andrea Mantegna (1480) Louvre


A > Analyse plastique par groupe de 3 : description de "ce que je vois" par les 4 grands types de signes plastiques
  • formes
  • couleurs
  • textures
  • cadrage
B > Analyse par le croquis de composition individuel 2 vignettes + calque : repérer la composition des tableaux, leur organisation, les lignes qui structurent et lient les différents éléments entre eux.

C > Déduire
Descriptions plastique :
- Réalisme du sujet représenté, un homme bras et jambes liés, criblé de flèches: St-Sébastien : un martyr : lien à la religion
- St Sébastien représenté jeune // avec la figure de l'apollon de l'antiquité grecque: volonté d'idéalisation. + St Sebastien attaché à une colonne (prestige)
- Attitude impassible, calme, toujours le regard vers le haut : martyr, soumission? en - Ruines antiques parsemées dans la composition / paysages en ruines
- etc.
Composition
- verticale dynamique : courbe du corps en S de St-Sébastien centré dans la composition,
- les autres lignes convergent vers paysage à l'arrière plan,
- etc.
Le très complet article à propos du St Sébastien d'Antonello de Messine sur wikipedia

C > Tenter de formuler à quoi ces différents signes peuvent nous faire penser.

2/ Analyse des tableaux St Sébastien par Mantegna
  • St Sébastien Mantegna vers 1457 Dresde
  • St Sébastien Mantegna vers 1480 Le Louvre
  • St Sébastien Mantegna vers 1490 Venise
A > Repérer collectivement les points communs et les différences entre ces 3 représentations par des notations colorées (gouache, feutres, crayons de couleurs)

B > Re-faire des croquis de description plastique et de composition : individuel

C > Déduire
 
D > Evoquer les symboliques éventuelles [+ apport enseignant]
- Flèches (martyre par sagittation)
- commandes laïques des corps de métiers qui sont intéressés par la représentation du supplice des flèches.
- St Sébastien : chevalier des petites gens (arc) // St Georges (épée) lance brisée signe de victoire.
- St Sébastien, St Georges des humbles, patron des fantassins qui prennent une importance croissante sur le champ de bataille tout au long du XIV ème siècle : (Martyr romain du III ème siècle)
- On supposait St Sébastien lui-même capitaine d'Archer, supplicié par sa propre compagnie à Rome.
St Sébastien le Renaissant - Jacques Darriulat - Lagune - p 25

- Par ailleurs, (...) par un jeu d'associations qui nous semblent aujourd'hui déroutantes, Sébastien se trouvait encore patron de divers corps de métiers tels les tapissiers, par comparaison qu'on faisait entre grosses aiguilles et flèches, ou bien les marchands de ferraille, tout simplement parce qu'une la pointe barbelée de la flèche était en fer.
St Sébastien le Renaissant - Jacques Darriulat - Lagune - p 27
- peste (issue de la mythologie greco romaine: Apollon dieu archer et protecteur de la peste) les flèches qui criblent le corps de st sebastien symbolisent le fléau de la peste/ st sebastien comme rempart à ce fléau (remise dans le contexte du XVème siècle: peste très présente) la peste est sous entendu dans ces représentation sans jamais en représenter les horreurs.

- Le flèches qui martyrisent le saint sont aux yeux des fidèles des flèches allégoriques et non simplement réellement : elles représentent les traits de la peste qui s'abattent sur les hommes.
- Sur de nombreuses représentations de la scène de sagittation, les flèches frappent précisément le corps du martyr à l'aisne, à l'aisselle et au cou, c'est à dire aux emplacements les plus fréquents des bubons de la peste.
St Sébastien le Renaissant - Jacques Darriulat - Lagune - p 47

 http://evolutionsaintsebastien.wordpress.com/tag/sagittation/
- Interscessent, Sébastien préserve les hommes de la peste. (parce qu'il n'est pas mort sous les tirs des archers)
- 680, première invocation de St Seb contre la peste, voir mosaïques église St Pierre Rome.
- Grandes épidémies de peste au XIV et encore au XV ème.
- Multiplication des confréries de St Sébastien qui commandent des représentations
- C'est donc l'église, riche mécène (...) qui est surtout responsable de cette inflation iconographique dont St Seb est l'objet vers 1450...
St Sébastien le Renaissant - Jacques Darriulat - Lagune - p 39
Hans Memling Bruxelles vers 1470
E > Evoquer le rapport à l'histoire de le Renaissance [+ apport enseignant]

- Mix entre vestiges antiques et ville à l'image de son époque (fin Moyen âge début renaissance)
- Sens religieux: St Sebastien prend la place des sculptures brisées de la composition : en subissant le martyre il s'élève au dessus des païens romains / force spirituelle
- (synthèse entre ville antique et ville païenne)

- Dans le supplice de St Sébastien représenté par les italiens, rien n'évoque l''horreur de la mort noire. Ce qui frappe au contraire, ce n'est pas la référence à la peste, mais plutôt le soin que le peintre prend à l'effacer.
- Il serait bien étrange de rendre compte par la seule peste des sébastiens du Quattrocento, de beaucoup les plus nombreux, puisque la grâce rayonnante de ces images vient précisément de ce - que, croyant surmonté l'horreur, elles affirment souvent le pur désir de vivre.
- Miraculeusement préservé des flèches qui le vient, le corps de Sébastien, par l'incompatible beauté qui l'illumine, est inaccessible à la douleur comme à la mort.
St Sébastien le Renaissant - Jacques Darriulat - Lagune - p 69

- (...) Si (le patronage) de St Sébastien est invoqué contre la peste, ce n'est pas parce qu'il a souffert le supplice des flèches ; c'est au contraire parce qu'il en a réchappé. La nudité insolente de ce corps qui triomphe par sa seule beauté de l'humiliation que voudraient lui infliger ses bourreaux est l'emblème, non des souffrances des agonisants que la peste emporte, mais des convalescents qui se sentent revenir à la vie quand la menace s'éloigne.
- Faut-il s'étonner alors si ce jeune corps, lié à la colonne et percé de flèches, devient le symbole, non de la peste, mais bien de la "renaissance elle-même" ? Et n'était-ce pas précisément le rôle de la peste de préparer la venue d'une humanité ressuscitée ?
St Sébastien le Renaissant - Jacques Darriulat - Lagune - p 78

- Signe précurseur d'un avenir régénéré, Sébastien occupe une place de premier ordre sur la scène des temps nouveaux. Un indice signe sa modernité : la représentation du supplice de la sagittation est presque toujours associée, au XV ème siècle, à ce qui est alors la grammaire de la vision nouvelle : la construction perspective.
St Sébastien le Renaissant - Jacques Darriulat - Lagune - p 89

Cima de Conegliano Strasbourg fin XV Strasbourg
 http://www.musees.strasbourg.eu/index.php?page=primitifs
3/ Une forme de synthèse avec film :
http://www.canal-educatif.fr/videos/art/2/mantegna/mantegna-le-st-sebastien.html

30 mars 2018

EXTASES SAINT SEBASTIEN

Jean-Louis Garac, Le Blog !

Les extases des Saint SEBASTIEN !


Saint Sébastien est devenu une figure emblématique de l’imagerie gay ! Il faut souligner que ce sujet a été de multiples fois exploité par une myriade d’artistes. En effet, depuis les peintres italiens les plus célèbres, avant pendant et après la Renaissance, jusqu'aux peintres de toute l'Europe sur plusieurs siècles, c’est une avalanche d’hommes nus transpercés de flèches, offerts à la foule avide des spectateurs !


Petit rappel, entre histoire et légende, sur le personnage même de Saint Sébastien. Il a été martyrisé sous Dioclétien, empereur romain du III° siècle ap JC. Il était d’origine milanaise ou narbonaise, on ne sait pas trop ; il fut cependant commandant de la garde prétorienne, donc proche de l’empereur. Mais sa foi chrétienne le rendit coupable aux yeux de Dioclétien de trahison, car il bien connu que les Césars se faisaient révérer comme des dieux !


Bref, l’empereur décida de le faire mourir sous les flèches des archers, qui braves gars le transpercèrent sans le tuer ! Soigné par une sainte femme, il retourna voir l’empereur pour lui dire le fond de sa pensée (quelle flèche ce Sébastien !) et là Dioclétien sans aucune clémence ordonna qu’on le roua de coups et qu’on jeta le corps de cet impudent dans les égouts de Rome ! Ce qui explique que Véronèse montre plus ce passage là que l’épisode précédent.



Depuis il est devenu un martyre fort prisé, notamment chez les gays, qui décelèrent dans ses représentations artistiques des ambiguïtés sans équivoque, si j’ose écrire, ou si vous préférez, qui virent chez lui en seconde lecture un petit air de famille entre extase, SM et exhibitionnisme ! Il est d’ailleurs le saint patron de Rio de Janeiro, c’est tout dire !


Avant toute chose, il convient de citer le très remarquable livre de James Smalls, « L'homosexualité dans l'art », car il nous éclaire sur le contexte philosophique du néoplatonisme (XV°siècle) qui a permis l'essor de ces représentations :

«Marcille Ficin (1433-1499) développa une théorie complexe concernant la relation entre désir, sexualité et contemplation religieuse. Suivant Platon, Ficin affirma que l'amour est le désir de la beauté (...) Pour Ficin un homme est plus « naturellement » attiré vers un autre homme qu'il ne l'est vers une femme parce que le mâle lui rappelle « l'idée » de sa propre beauté intérieure. Les belles formes d'un autre homme favorisent la contemplation divine. Grâce à Ficin, le désir homosexuel devint un thème légitime de la recherche artistique et philosophique (...)»,James Smalls, « L'homosexualité dans l'art », Parkstone 2003



Je vous renvoie également au superbe livre de Dominique Fernandez, « L'amour qui ose dire son nom », ouvrage d'art et d’approche de l'homosexualité à travers l'histoire de la peinture. Le chapitre consacré aux Saint Sébastien est passionnant. Merci à ce génie de la plume d’avoir révélé tant d’évidences « cachées » ; Dominique Fernandez a une âme de peintre dans un esprit de poète et de romancier.


Partant de tout cela j’ai refait une « enquête personnelle » ! Ce qui frappe en premier dans les représentations des Saint Sébastien ce sont les poses du martyre et leurs connotations. On peut rapidement décrire une trentaine de tableaux parmi les plus célèbres :


Bras nonchalamment levé, façon pose de danseur, sans véritable « douleur » apparente, (Reni, Cariani, Wtewael, Lotto, Greco, Holbein, Ribera…)


Jeune éphèbe androgyne aux cheveux blond vénitien comme une synthèse à la fois de la Vierge et du Christ (Boltraffio)


Attaché les bras dans le dos et regard rêveur levé vers le ciel ou l’horizon, sans douleur ou crispation apparente, (Perugino, Cosme Tura, Boticelli, Basaiti, Antonello da Messina…)


Dormeur éphèbe (Francesco del Cairopris), enveloppé de clair obscur, (Latour, Bigot, Ribot…)



Christique, (Gozzoli…)


Indifférent à son martyre et plus proche d’une pose d’écrivain -tiens j’ai une ou plusieurs flèches ! ?-, (Bronzino…)


Blessé à mort façon descente de croix ou piéta en plus soft et souriant, (Procaccini, Terbrugghen…)


Visage interrogateur dans un corps qui parle plus de sensualité que de mort, (Goltzius, Preti, Rubens, Tiziano, Reni…)



En posture de prêcheur, prêt à parler avec les mains, (Grunewald, Ortolano…)


Marqué par la souffrance et cible de plusieurs flèches (Mantegna dont le St Sébastien apparaît de loin le plus âgé, Greco…)


Objet d’une ronde infernale d’arquebusiers et monté sur une potence (Pollaiullo…)


Je n’essaierai pas de faire mon intéressant avec des remarques comme : la flèche est un symbole phallique évident qui pénètre Saint Sébastien, d’autres que moi s’y sont risqués! Il me vient toutefois en mémoire une autre scène qui pourrait aussi faire penser à notre saint. J’avais lu que Georges Bataille s'était interrogé sur un supplice tout aussi tragique sinon plus : le supplice chinois des 100 morceaux, qu'il a décrit d’après une photographie en sa possession, et où, vu la tête du condamné et l'interprétation qu'il en donne, supplice semble rimer avec délice! Vous voyez Saint-Sébastien n’est pas loin…



Il me rappelle également un personnage mythique : celui d’Apollon ! N’oublions pas qu’il se substitue à l’image païenne du dieu grec, sensé notamment intercéder lui aussi contre la peste ! Il est un Apollon chrétien, mais à l’envers, ce n’est plus le dieu grec solaire lançant des rayons et traits de lumière en dieu-archer surpuissant, il est celui qui reçoit les rayons, les flèches dans son corps, cependant il garde la beauté masculine et la plasticité du dieu grec, comme sa nudité d'ailleurs.

Saint Sébastien incarne l'image de la vérité face à la persécution, d'où sans doute le peu de place laissé à la souffrance temporaire et terrestre face à une éternité paradisiaque. Il porte de la même façon toutes les connotations possibles : beauté, innocence, jeunesse, androgynie, douceur, raffinement.



Mais, en dehors de toute fascination pour ce beau corps de garçon donné en pâture, la persécution elle-même n'est-elle pas un des points essentiels qui peut relier ce personnage et ses représentations à l'homosexualité? Là aussi les images se fondent, s'enrichissent et créent des échos singuliers : persécutions mais aussi fascination des persécuteurs, sensualité du persécuté, douleur et extase! Tout se joue entre Eros et Thanatos, comme entre le plaisir de faire souffrir et le plaisir de souffrir, et cela aussi n'a pas échappé au monde gay!


Dans les myriades de représentations saint sébastiennesque le XX° siècle, comme le XXI° qui commence, auront bien compris toute l'ambiguïté, la sexualité, et la symbolique de ce personnage, véritable allégorie du monde gay d'aujourd'hui.


Prenons par exemple le peintre français Alfred Courmes (1898-1993) qui a plusieurs fois abordé ce sujet au début du XX° siècle. Son Saint Sébastien matelot déculotté de dos ou de face (il y a plusieurs tableaux de lui sur ce thème) et entouré dans un tableau d'hommes nus, ne laisse aucun doute sur la teneur véhiculée par cette image : l'homoérotisme est révélé crûment ! Ce matelot prend sa place dans l’univers gay avec ceux des personnages de Genet ou de Cocteau.



L’écrivain japonais Mishima (1925-1970) dans le roman « Confession d’un masque » en 1948, raconte comment dans son adolescence la contemplation d’un Saint Sébastien de Guido Reni l’a bouleversé et lui a fait prendre conscience de toute la portée homosexuelle d’une telle représentation et des fantasmes sado-masochistes qu’elle entraîne. Il s’est d’ailleurs fait photographier lui-même dans la pose d’un Saint Sébastien !



A noter aussi le très beau Saint Sébastien du peintre grec Yannis Tsarouchis (1910-1989), que m’a fait découvrir Olivier Delorme, qui a vécu les 20 dernières années de sa vie en France, et dont le tableau révèle un jeune homme en pleine "vigueur" en short et baskets ...


Le cinéma a également traité ce sujet, comment ne pas citer le film de Dereck Jarman, sorti en 1976, « SEBASTIANE », dont voici ce qu’en dit Didier Roth-Bettoni, dans son livre « L’homosexualité au cinéma » :


« …Son premier long métrage est ainsi un intense poème homoérotique autour de Saint Sébastien et de sa mort en martyr sous les flèches de ses camarades, soldats romains exilés comme lui dans un camp dans le désert et livrés à eux-mêmes et à leurs pulsions (…) Jarman en fait un hymne sidérant en l’honneur du corps masculin, célébré ici avec une sensualité rarement vue hors du porno gay. »
La photographie a de multiples fois fait référence à Saint Sébastien dans un discours clairement gay. Il n'y a plus ici de lecture à plusieurs niveaux comme cela était le cas dans la peinture d'autrefois, la lecture homosexuelle immédiate est appuyée. Mais, ce qui était jadis suggérée (attirance pour le corps d'un homme), a pris la première place et ce qui était énoncé (martyre, persécution) est devenu bien secondaire, voire anecdotique !

Il est cependant impossible ici de faire une étude exhaustive de tout ce qui a pu être créé à partir de cette image, on ne donne qu'au riche et vous l'avez compris Saint Sébastien est une mine inépuisable d'inspirations et de suggestions.


Notons cependant le tableau de Haring en 1984, qui montre un personnage rouge sur fond bleu en érection tirant la langue de douleur et d’effarement quand de petits avions rentrent dans sa chair, ce Saint Sébastien « Twin Towers » a de quoi surprendre, mais il fut bien prémonitoire en fait…


Si Saint Sébastien continue, notamment dans le domaine de la photographie, a permettre la mise en scène de beaux corps masculins très sexy (voir magazine anglais Refresh et d'autres), il ne faudrait toutefois pas oublier que les persécutions continuent toujours même sous la multitude des représentations et illustrations glamour contemporaines. La fascination pour la beauté, ne doit pas occulter la cruauté sous-jacente.



Rappelons-nous aussi que nos Saint Sébastien d’aujourd'hui marchent tranquillement dans le parc de Reims, ou le parc Borelly de Marseille, et qu’ils sont tués ou tabassés, qu’ils essayent de survivre dans des pays comme l'Arabie Saoudite, l'Iran, ou certains pays africains et qu’ils sont lâchement humiliés, exécutés et exhibés devant des foules d’hommes et de femmes fanatiques…


J'ai bien l'impression que Saint Sébastien restera encore longtemps une « image » d'actualité!





BIBLIOGRAPHIE:


« L'amour qui ose dire son nom », Dominique Fernandez, Stock 2001


« L'homosexualité dans l'art », James Smalls, Parkstone 2003


« L’homosexualité au cinéma », Didier Roth-Bettoni, La Musardine 2007



sites Internet


Web Gallery of art -  site de recherches sur la peinture, vous y découvrirez de magnifiques représentations des grands tableaux classiques (et des photographies de ces œuvres surprenantes de clarté et de fraîcheur)


Insecula.com – site sur la peinture et musées, site très intéressant à découvrir.


bode.diee.unica.it/~giua/SEBASTIAN/ tous les St Sébastien ! remarquable site Internet de par le travail de recherches et de compilations effectué sur St Sébastien.


affiche de l'article tiré du magazine Refresh, voir site : de très belles photos et liens pour abonnement.


Alfred Courmes, très beau site consacré au peintre Alfred Courmes, à découvrir pour son univers si particulier.


Voir « La Beauté Amère », fragments d’esthétiques, Jean-Michel Rabaté, pages sur Mishima, sur books.google.com
30 mars 2018

CATACOMBES

Catacombes de Saint-Sébastien

 

Catacombs S. Sebastiano Rome1.jpg
Vues des ornementations de la voûte et des banquettes.
 
   
 
   
   
 

Les catacombes de Saint-Sébastien sont un cimetière hypogée situé près de la Voie Appienne à Rome, dans l'actuel quartier Ardeatino. Son entrée se trouve sous la basilique Saint-Sébastien-hors-les-Murs. C'est l'un des rares cimetières de l'Église primitive encore accessible. 

Historique

Les catacombes de Saint-Sébastien sont fondées au Modèle:IIIe siècle ap. J.C., et cessent de servir de cimetière au Ve siècle. Ce cimetière se trouve à l'emplacement d'un ancien cimetière païen qui a peu à peu été utilisé par les chrétiens. Le terme de catacombes est employé par extension, car il existe des galeries souterraines.

Au second étage de ces catacombes reposait le corps de saint Sébastien. Il fut transféré dans la basilique des Apôtres lors de la construction de celle-ci au Ve siècle. Une tradition chrétienne[1] rapporte en effet qu'en 258, au cours des persécutions de Valérien, les reliques de Pierre et Paul furent placées temporairement dans ces catacombes appelées à cette époque « Memoria Apostolorum », des graffiti sur les murs attestant du culte des deux saints. Cette basilique prit le nom de saint Sébastien au XIe siècle.

C'est ici que les fondateurs des résurrectionnistes émirent leurs vœux en 1842.

Ces catacombes comportent trois étages et de 92 000 à 120 000 sépultures. Dans les galeries, on découvre des fresques avec des thématiques ornementales caractéristiques des premiers chrétiens, comme un orant, l'histoire de Jonas (IVe siècle), le miracle de saint Gérase, les initiales de Jésus-Sauveur en grec (le chrisme)... La Piazzola, entrée originelle de ces catacombes abrite trois mausolées bien conservés : il s'agit de monuments païens réutilisés par les chrétiens

 

 

CATACOMBES DE SAINT SÉBASTIEN

Le nom de St Sébastien attribué aux catacombes ne s’est imposé que progressivement dans le temps puisque la dénomination originale était celle de « ad catacumbas », à savoir, selon l’explication la plus courante, la « dépression », liée à la nature du site riche de carrières de pouzzolane. Ce toponyme original a d’ailleurs fini par être attribué à tous les cimetières souterrains chrétiens.

Un autre nom antique du complexe est celui de « Memoria Apostolorum », dénomination liée au culte des apôtres Pierre et Paul temporairement voué ici. Dès le 1er siècle ap. J-C. le site a été intensément exploité et occupé par de nombreuses constructions destinées aux usages les plus disparates. Les dépressions du terrain et les galeries d’arénaires furent en effet utilisées pour y créer des sépultures sous formes de loculum (loculi) aussi bien de la part des païens que des chrétiens. On y construisit aussi plusieurs columbaria et au moins deux édifices résidentiels, particulièrement remarquables par leur décor peint. Autour du milieu du 2ème siècle, la zone de l’arénaire connut un premier comblement : sur la petite place qui vint à s’y créer furent construits trois mausolées (de Clodius Hermes, des Innocentores et de l’Ascia). On y ensevelit des chrétiens dès la première moitié du 3ème siècle.

 

Un nouveau comblement succéda au premier, au-dessus duquel on aménagea un portique délimité par un mur sur trois côtés (la « triclia »). Sur l’un des murs ont été déchiffrés des centaines de graffitis d’invocations à Pierre et Paul ; cela s’explique par le fait qu’autour de l’an 258 le culte des apôtres s’était transféré en ce lieu. Constantin (306-337) y fit ériger une basilique grandiose (reproduisant, comme dans de nombreux cas à Rome, le plan d’un cirque) dédiée aux Apôtres. Entre temps, dès le 3ème s., s’était déjà développé le sous-sol : les catacombes où étaient ensevelis, comme l’attestent les sources antiques, les martyrs de Sébastien et Eutychius

 

30 mars 2018

QUI ETAIT SAINT SEBASTIEN

Qui était SAINT SEBASTIEN ?

Fête le 20 janvier en Occident et le 18 décembre en Orient. 

 Un officier sacrifié à l'empereur (IVe siècle) 

Sébastien est sans doute l'un des plus célèbres martyrs romains. Chrétien, il est officier dans l'armée de Dioclétien. Lorsque sa religion est découverte, il est mis en demeure de se sacrifier à l'empereur. Son refus serait considéré comme un acte de rébellion' Lié nu à un arbre, il sert de cible aux tirs de ses propres soldats avant d'être tué par bastonnade. Les détails que rapportent les « actes » de son martyre n'ont été rédigés qu'au Ve siècle.

Son culte, en revanche, date du IVe siècle. Saint Ambroise en parle dans ses commentaires du psaume 118, et saint Damase lui fait construire une église au dessus de sa tombe. Cette basilique est l'une des sept principales églises de Rome.

Hagiographie  (écriture de la vie et/ou de l'œuvre des saints)

Sébastien serait originaire de Narbonne, où une église qui lui est dédiée a été construite sur le lieu présumé de sa maison natale. D'autres biographes le prétendent né à Milan, où, en tout cas, il fut élevé dans la foi chrétienne. Son martyre daterait de 287 ou 288, sous l'empereur Dioclétien. Pourtant ce dernier avait beaucoup d'estime pour le soldat Sébastien - on prétend même qu'il était son "favori" - et l'aurait ainsi nommé capitaine de sa garde prétorienne. Mais, chargé au départ de traquer les chrétiens, il se comportait plutôt comme un dangereux prosélyte en encourageant les prisonniers au glorieux martyre. Dioclétien donna donc à ses soldats l'ordre de l'exécuter en le transperçant de flèches, ce qui fut fait aussitôt. Selon les textes et l'iconographie du Moyen Âge, le saint, couvert de flèches, ressemblait à un véritable hérisson. Mais les archers, qui avaient beaucoup d'estime pour leur chef, auraient évité de viser le cœur, si bien que Sébastien ne succomba pas à ses blessures. Soigné par une jeune veuve nommée Irène, rapidement rétabli, il se rendit auprès de l'empereur et lui reprocher sa cruauté à l'égard des chrétiens. Dioclétien le fit alors rouer de coups jusqu'à la mort et ordonna que son corps soit jeté dans les égouts de Rome (Cloaca Maxima). Guidés par une vision de sainte Lucine, les chrétiens purent cependant retrouver son corps et l'ensevelirent auprès des restes des apôtres Pierre et Paul.

Selon certaines sources, son corps aurait été transporté de Rome à Soissons, en l'abbaye de Saint Médard. Ses restes furent ensuite disséminés à la cathédrale Saint Prothais et Gervais, à Hartennes, Serches, Cœuvres (1793); Saponay, Montigny-Lengrain (1857), Margival (1792). Pour d'autres, son corps est toujours au Vatican, transféré en 826 des catacombes près de la basilique qui lui est dédiée à Rome, sur la via Appia. La basilique de Saint-Sébastien-hors-les-Murs est visitée depuis 1552 par les pèlerins du Tour des sept églises. En tout cas, ses reliques (ou prétendues) sont disséminées dans des églises catholiques de tous les continents.

Saint Sébastien est le patron des archers. Il est aussi invoqué depuis plusieurs siècles pour lutter contre la peste. Dès lors, il est protecteur contre les épidémies en général. Il est le troisième saint patron de Rome, avec Pierre et Paul.

Patronage

Protecteur de la peste, Sébastien est parfois compté dans les quatorze saints auxiliaires (intercesseurs). La connexion du martyre par « sagittation » (frappé de flèches) avec la peste n'est pas due au hasard. Dans la mythologie gréco-romaine, Apollon, le dieu-archer, est protecteur de la peste; l'image de Sébastien fut le moyen de christianiser cette tradition. Cette dévotion tient aussi d'un miracle qui se serait produit à Pavie au Ve siècle. La ville était alors ravagée par une violente épidémie de peste, qui cessa dès qu'on eut érigé un autel à la gloire du saint dans l'église de Saint-Pierre-aux-Liens. Les chroniques de Paul Diacre relatent que la ville de Rome fut sauvée d'une épidémie de peste dévastatrice vers 680, grâce à l'intercession du saint.

Saint Sébastien, comme saint Georges, est un de ces saints militaires martyrs des premières églises chrétiennes, dont le culte débuta au IVe siècle et culmina à la fin du Moyen Âge, aux XIVe et XVe siècles. Les détails de leur martyrologie peuvent laisser sceptiques certains lecteurs à notre époque, mais ils sont révélateurs de l'attitude des chrétiens de l'époque. Un tel saint était Athleta Christi (champion du Christ) et un « gardien du Paradis ».

Saint Sébastien, est le patron de plusieurs villes dans le monde, dont Qormi (Malte) et Caserta, Avella et Assolo (Italie). Il est même le troisième saint patron de Rome après saint Pierre et saint Paul. Il patronne également la ville de Palma de Mallorca et bien sûr de San Sebastian (Donostia-San Sebastián) en Espagne où, encore à notre époque, le 20 janvier est l'occasion de festivités et de célébrations : c'est la Tamborrada. Saint Sébastien est aussi le patron de Rio de Janeiro au Brésil dont le site a été découvert le 1er janvier et qui a été fondée le 20 janvier 1502, et qui s'appelait à l'origine São Sebastião de Rio de Janeiro. Les cultes afro-brésiliens, syncrétisme de religions chrétiennes et vaudou, associent saint Sébastien à Ogoun, en particulier dans l’État de Bahia.

Selon les pays, Saint Sébastien est aussi considéré comme le saint patron des soldats en général et des fantassins (armée de terre) en particulier, mais aussi des athlètes et des archers en particulier, ainsi que des officiers de police. 

Saint Sébastien fut d'abord représenté sous les traits d'un vieux sage barbu, jusqu'au XVe siècle.:

Ensuite, dès le XIIIème siècle, apparaît un second type juvénile, qui triomphe au XVème siècle. En Occident, les artistes se plaisent à détailler ce beau jeune homme nu criblé de flèches. C'est le retour de l'Apollon de l'Antiquité grecque...

A la Renaissance italienne, de nombreux artistes traitent ce thème,

Ce type de représentation, en jeune et beau martyr est celui qui domine jusqu'à présent.

 

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30 mars 2018

VACHE FOLLE EN ANJOU

Sébastien et la vache folle

Saint Sébastien est invoqué contre toutes les maladies des vaches et qu'en Anjou, il est plus particulièrement invoqué contre la peste bovine et donc contre les prions. Mais il est aussi le patron des archers, arbalétriers, arquebusiers et des marchands de ferraille.

 Savez-vous que Sébastien est le saint martyr le plus représenté en peinture ou en sculpture. On le voit toujours criblé de flèches.

En fait, au moment où il est perçé de flêches, il n'est pas mort, "car il vit encore !" Il mourut plus tard assommé par des coups de bâton puis jeté dans un égout. Dans sa chute vers le cloaque, il resta attaché à des crochets où l'on retrouva son corps. Peu après sa mort, il apparut à une dame appelée Lucine et lui demanda de retirer son corps de la fosse pour aller l'enterrer dans les catacombes au pied de la tombe de saint Pierre et de saint Paul. Elle resta trente jours en prière sur la tombe de saint Sébastien.

 Il est souvent représenté attaché à un poteau. Quelquefois même, le poteau est assez grand pour soutenir à son sommet Sébastien recevant les flèches des bourreaux qui se trouvent à ses pieds. Les gens du nord y verront facilement le coq - ou du moins l'oiseau, le Papegai ou Papegault ou Papageno - fixé au sommet du mat des archers. Coq tiré au premier mai afin d'élire le roi des archers. (2 X 40 jours théoriques après Carnaval)

 On se demande pourquoi il est invoqué contre la peste. C'est sans doute parce que la peste, toujours vécue comme un fléau du ciel, est associée aux traits des flèches et à leurs blessures qui peuvent être prises pour des sortes de « bubons » . (cf Psaume VII, 14)

Mais je crois qu'il y a plus. Sébastien fait partie de la liste des saints invoqués contre les feux destructeurs comme la peste (Sébastien), le feu saint Antoine ou la maladie de l'ergot de seigle, (Antoine, Sylvain, Geneviève) les hémorroïdes (Fiacre) Ces saints, comme tous les saints ou tous les sorciers, sont déterminés à guérir mais sont aussi surdéterminés à venger une offense. Ils sont patrons de la vie mais aussi de la mort.

 "Un blasphème, un oubli, une négligence, et Antoine, qui, d'un plaisant visage jusque là surveillait votre santé et vos porcs, se détourne, pivote inexorablement sur sa base comme tous les saints fâchés. Ce n'est plus, le bon ermite, c'est son double, c'est le Diable. Et d'un feu qu'il fait jaillir de son bâton, il enveloppe vos membres, dévore vos granges, grille vos porcs. L'ermite s'est fait diable, le Diable s'est fait ermite." (Cf. Art et tradition populaire au Moyen-âge, Claude Gaignebet et Jean-Dominique Lajoux - PUF 1985)

 Mais Sébastien, représenté quasiment comme un oursin avec ses flèches acérées, montrant régulièrement le creux de son aisselle, (Betelgeuse) offrant l'image d'un corps sanguinolent, se trouve dans le champ de l'impureté menstruelle associée à toutes les autres impuretés telle que la rouille, la pourriture et la peau rongée par les effets de la peste. Nous sommes à 12 jours de la fête de la Purification-Chandeleur, fête de la sortie des ours ou des ourses, (menstrues) où la vierge, 40 jours après avoir accouché, enlèvera les marques cycliques de sa fécondité.

Encore 12 jours plus tard, et ce sera la saint Valentin, jour où la tradition veut que les oiseaux s'accouplent.  

Sébastien est né à Narbonne au 3ème siècle. Mais les Milanais protestent en disant qu'il est né chez eux.  Peu importe, son père était Narbonnais et sa mère Milanaise. Il fut d'ailleurs élevé à Milan au temps de l'empereur Carus. Vers 283, il choisit le métier des armes. Sébastien fut nommé capitaine de la  garde prétorienne. Il faut dire qu’il faisait partie de la Jet-société romaine. Un tel grade ne pouvait être donné qu'à un notable.

Il était chrétien mais ne l'avait pas avoué. Cependant, il visitait ceux qui avaient été emprisonnés pour leur foi, afin de leur redonner courage.

 Parmi les chrétiens qu'il encourageait se trouvaient deux jumeaux : Marc et Marcellien, fils de Tranquillin et de Marcia. C'étaient aussi des notables possédant de grandes richesses. Ils étaient condamnés à avoir la tête tranchée.

 Tranquillin et Marcia obtinrent un délai de trente jours pour essayer de persuader leurs enfants de changer d'avis. C'étaient des personnes de condition qui devaient bénéficier d'une justice à deux vitesses. On les assigna à résidence dans la maison de Nicostrate, premier secrétaire de la Préfecture de Rome et mari de Zoé qui était muette. Sébastien les visita souvent.

 Vous auriez vu comment les proches de Marc et Marcellien essayaient par tous les moyens de les ébranler. On les faisait assister à toutes sortes de divertissements, on leur racontait même des contes pervers et érotiques, on leur faisait miroiter les honneurs et les plaisirs auxquels ils pourraient accéder etc. Marcia n'arrêtait pas de leur rappeler qu'elle avait souffert en les mettant au monde et qu'élever des enfants, c'est dur par les temps qui courent, qu'elle les avaient bien mariés, qu'elle ne survivrait pas à leur mort. "Moi qui ai tant fait pour vous et voila que vous vous comportez en fils ingrats." Enfin, tout ce qu'une mère peut dire à ses enfants pour arriver à ses fins.

Vous feriez pareil dans ce cas là ?

 Tranquillin, qui avait la goutte, pleurait pour les émouvoir, espérant attendrir leurs positions. Il n'arrêtait pas de les embrasser.

Puis venaient leurs femmes qui les assaillaient de toutes parts. "Qu'allons-nous faire de nos enfants ? Qui en prendra soin ? Derrière ça, les enfants criaient et pleuraient tellement qu'on ne s'entendait plus dans la maison. "Pas moyen d'être tranquille, se dit Nicostrate, vivement la fin du mois".

 Mais Sébastien est arrivé !

 Il leur tint un long discours qui les fortifia dans leur dessein d'être soldats du Christ. C'était tellement beau que tout le monde se remit à pleurer. Alors Sébastien fit taire tout le monde. Et voila, tout à coup, qu'une vive lumière envahit tout l'espace. Au milieu de la clarté, apparut Jésus-Christ avec sept anges à ses côtés. S'approchant de Sébastien, il lui donna le baiser de paix et lui dit : "tu seras toujours avec moi". Puis il s'envola.

 Zoé, la muette, qui avait été très impressionnée par la scène - on le serait à moins - se jeta alors au pied de Sébastien qui fit son premier miracle en lui redonnant la parole par un signe de croix sur la bouche. (intéressant pour les orthophonistes !) Ébahi, Nicostrate se jeta aussi aux pieds de Sébastien et demanda pardon d'avoir retenu si longtemps tout ce beau monde. Il dit alors qu'il serait bien content d'être mis à mort pour sa foi. Il fut donc baptisé dans l'instant, ainsi que Zoé.

 Là-dessus, Tranquillin et Marcia, autant impressionnés que Nicostrate, se jetèrent au pied de Sébastien qui guérit Tranquillin de sa goutte et les baptisa tous les deux.

(Goutte : dépôt pathognomonique de monosodium urate monohydrate - et toc !)

 Ce qui prouve que Tranquillin avait plus de 45 ans car la goutte n'arrive qu'aux plus de 45 ans.

 Les trente jours écoulés, Chromace, le gouverneur de Rome, fit mander Tranquillin pour avoir des nouvelles de ses deux fils. Or, lui aussi avait la goutte.

Voyant que Tranquillin avait été guéri de sa goutte, il vola, visiblement vultueux, visant la vertueuse vaccine vulnéraire de Sébastien. Sébastien avait-il cueilli des colchiques, remède contre les gouttes ? On a, depuis longtemps administré de la colchicine, extrait du colchique pour réduire les dépôts (tophi)

Décidément, ça poursuit Sébastien. Il est vrai que cette maladie s'appelle "goutte" parce que les anciens croyaient que cela venait d'un amas de gouttes "d'humeurs viciées" qui s'accumulait dans le bout du pied. Sans doute après avoir mangé trop de viande... de vache. (acide urique)  C'est une maladie mystérieuse dont on ne connait pas vraiment la cause. Mais le nom de la fleur qui donne le remède vient de la région de Colchide, (Géorgie actuelle) où vivait Médée l'empoisonneuse. Or, déjà à moyenne dose, le colchique est un poison violent. Les humeurs viciées me font penser à la rouille, la pourriture, le poison des menstrues... ou des ourses.

 Vaincu, Chromace se jeta aux pieds du futur saint qui le guérit de sa maladie. Il se convertit et fut baptisé en même temps que son fils Tiburce. Il fit alors relâcher tous les chrétiens prisonniers.

 Mais Dioclétien succéda à Carus. Il avait choisi pour l'aider, un militaire "grossier, brutal, violent et débauché" : l'horrible Maximien. Chromace, par prudence, se retira à la campagne avec des compagnons chrétiens mais son fils Tiburce resta avec Sébastien à Rome.

Au début, Dioclétien admirait Sébastien et s'entretenait souvent avec lui. Il ignorait qu'il fut chrétien.

 On était en 286 et la persécution recommença. 

Tout d'abord Zoé, la femme de Nicostrate, fut surprise à prier au tombeaux de Pierre et de Paul. On la pendit à un arbre par les cheveux et on alluma à ses pieds un feu qui l'étouffa. Ensuite, on suspendit à son cou une énorme pierre et on la jeta dans le Tibre de peur que les chrétiens n'en fissent une déesse. Elle devint sainte Zoé (5 juillet).

Tranquillin qui allait prier aussi aux tombeaux, fut surpris par la populace et lapidé (6 juillet) Nicostrate avec Claude, Castor et Victorin voulant recueillir les corps des martyrs, furent eux-mêmes torturés puis jetés dans le Tibre. Tiburce fut décapité. (11 août)

Castule fut mis à la question puis enterré vivant (26 mars) Enfin, Marc et Marcellien furent cloués par les pieds à un poteau et percés de flèches. (18 juin)

 C'est alors que Sébastien fut dénoncé à Dioclétien. Irrité, Dioclétien le livra aux bourreaux qui, l'ayant attaché à un poteau, le percèrent de flèches et le laissèrent pour mort. Mais Irène, la veuve de Castule veillait. Elle vint sur le terrain de l'exécution et, croyant trouver Sébastien mort, elle s'aperçut qu'il respirait encore. Elle le soigna. Il fut complètement guéri en trois jours.

 On le supplia de se cacher pour éviter la colère de l'empereur mais il ne voulut rien savoir. Il se plaça sur le chemin de Dioclétien et lui reprocha sa conduite. Dioclétien était effrayé de voir Sébastien qu'il croyait mort. Était-ce un fantôme ? Mais il se reprit rapidement puis commanda qu'on conduise le saint dans l'hippodrome où on l'assomma à coups de bâton pour le jeter ensuite dans un cloaque d'où Lucine le retira. Les crochets avaient sauvés son corps de l'infamie. C'était en 288.

 En 826, Louis le Débonnaire obtint, du pape Eugène II, la permission de ramener à Soissons ce qui restait du corps de Sébastien.

En 1564, les Huguenots jetèrent les reliques dans les fossés de l'abbaye Saint Médard. Mais on les retrouva ensuite.

Décidément, Sébastien était abonné aux fosses, aux cloaques et à la pourriture.

 Il paraît que si la fête de Sébastien correspond à celle de Fabien, c'est qu'on a rapporté les reliques de saint Fabien dans la Basilique de Saint Sébastien. On ne sait pas quand s'est faite cette translation.

Il était déjà invoqué contre la peste à Rome en 680. Claude Gaignebet dit qu'il a probablement remplacé une ancienne divinité qui protégeait de la peste.

 Voila la passion de saint Sébastien, mort pour que la terre soit féconde.

 

 

30 mars 2018

CULTE BITSCHERLAND

Culte de saint Sébastien dans le Bitscherland


Le Bitscherland possède un patrimoine religieux très riche. Il recèle de charmantes petites chapelles et d'églises remarquables, d'humbles oratoires nichés à la lisière des forêts. Son territoire est parsemé de très nombreux calvaires et croix de chemin, rappelant au promeneur la foi de ceux qui l'ont précédé dans ce pays. La scroixituation de la région, sur les marges de la Lorraine catholique, entraînant l'affirmation d'une foi vive face aux protestants des pays voisins, confortée par une vieille tradition religieuse d'une bonne partie des émigrants, explique la prédominance du patrimoine religieux, qui a laissé son empreinte dans le paysage artistique. Une empreinte toujours renouvelée, tant les mentalités restent profondément ancrées dans leurs traditions.

Table des matières

II. Culte local III. Notes et références IV. Annexes
       
     
     

Saint Sébastien par le Pérugin, vers 1500, musée du Louvre à Paris (Wikimedia Commons). L'église romaine Saint-Sébastien-du-Palatin est érigée sur le lieu où la tradition situe le martyre du saint (Wikimedia Commons). Saint Sébastien par Guido Reni, vers 1615, musées du Capitole à Rome (Wikimedia Commons). Le martyre de saint Sébastien sur un vitrail de la Schwarzenbergkapelle près de Kelberg, en Rhénanie-Palatinat (Wikimedia Commons).

I. Saint Sébastien

1. Hagiographie

Soldat originaire de Narbonne ou plus certainement de Milan, Sébastien devient capitaine de la garde prétorienne au début du IVe siècle à Rome. Il est condamné à mort par l'empereur Dioclétien lorsque celui apprend que Sébastien est chrétien et qu'il a converti de nombreux romains par ses miracles. Sébastien est alors attaché à un poteau et transpercé de flèches : « Et les archers le frappèrent jusqu'à ce qu'il soit recouvert de flèches comme un hérisson est couvert d'épines » (1). Mais la légende affirme que, mûs par leur compassion et leur estime envers leur ancien chef, les archers n'auraient pas visé le cœur du martyr, de telle façon qu'il ne succombât à ses blessures. L'empeureur l'aurait ensuite fait rouer de coups mortels puis ordonné que son corps soit jeté aux égoûts du Cloaca Maxima, où les chrétiens purent le retrouver grâce à une vision de sainte Lucine et l'ensevelir dignement près des ossements de saint Pierre et saint Paul.

Protecteur de la peste, saint Sébastien est parfois inclus au groupe des quatorze saints auxiliaires. Son lien avec la peste peut procéder de deux facteurs : un rapport peut tout d'abord être établi avec le dieu-archer de la mythologie gréco-romaine Apollon, lui aussi invoqué pour être protégé de la peste : saint Sébastien a pu permettre de christianiser cette pratique. Mais plusieurs miracles sont également attribués au saint martyr, qui affirment que les villes italiennes de Pavie au IVe et de Rome au VIIe siècle ont été sauvées de la peste par son intercession. Il est par la suite invoqué contre les épidémies en général, associé dans le Bitscherland à saint Wendelin, saint Roch, saint Hubert ou encore saint Quirin (1, 2).


2. Représentation

Saint Sébastien est tout d'abord représenté, dans les arts, sous les traits d'un homme d'âge mûr. Cette iconographie est majoritaire jusqu'au XVe siècle, à partir duquel elle est supplantée par un second type, apparu au XIIIe siècle et qui montre un martyr beaucoup plus jeune, imberbe alors qu'auparavant il était barbu. Ce motif donne l'occasion aux artistes de renouer avec la tradition de l'Apollon antique, exaltant la beauté de ce saint au corps presque nu.

Le fait de représenter le saint attaché à un porteau ou un arbre, le corps transpercé de flèches (note 1) - ou encore les archers et les flèches qui rappellent la scène implicitement - n'apparaît que vers l'an mil. La protection efficace de saint Sébastien contre la peste lui donnera une place prépondérante dans la croyance médiévale : il sera ainsi l'un des saints les plus populaires et les plus représentés durant les périodes du gothique tardif et de la Renaissance, qui suivent l'épisode tragique de la peste noire qui décime l'Europe entre 1348-1352 (2).


La discrète chapelle Saint-Sébastien de Bitche, veillant aujourd'hui sur le petit cimetière militaire, date du XVe siècle. Le quartier Saint-Sébastien de Bitche et le fortin de la Roche-Percée, aussi appelé fort Saint-Sébastien, vus depuis le plateau de la citadelle. Dans le chœur de la chapelle, la statue de saint Sébastien est entourée par celles de saint Wendelin et de saint Roch (photographie de la communauté de paroisses Saint-Bernard de Bitche).


II. Culte local

1. Chapelles

Une chapelle est dédiée à saint Sébastien dans ce qui est aujourd'hui la ville de Bitche. L'oratoire est construit au XVe siècle comme chapelle de cimetière et était alors située à l'extérieur de l'enceinte fortifiée : il faut attendre l'entre-deux-guerres pour l'urbanisation de la ville parvienne jusqu'ici. Lorsque la place vient à manquer et que de nouveaux cimetières sont créés dans la cité fortifiée, la chapelle demeure un lieu de pélerinage fréquenté à saint Sébastien. Au-dessus de l'autel, la statue du saint est entourée par celles de saint Wendelin et de saint Roch, tous trois invoqués contre les épidémies. Un fort est construit au milieu du XIXe siècle à proximité de la chapelle, sur les pentes de la colline avoisinante : appelé tout d'abord fort de la Roche-Percée, il prend très vite pour les habitants le nom de la chapelle toute proche et devient le fort Saint-Sébastien.

Chapelle Haspelschiedt

2. Statues

Une statue de saint Sébastien est visible dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul du hameau d'Urbach, à Epping.

3. Vitraux

Un vitrail représente le martyre de saint Sébastien, dans le bas-côté droit de l'église Saint-Nicolas de Haspelschiedt.

4. Calvaires et croix

Une croix monumentale en grès se dresse à gauche de l'entrée du petit cimetière militaire, devant la chapelle Saint-Sébastien de Bitche : datant du XVIIIe siècle, elle représente la Très Sainte Vierge et saint Sébastien sur le fût-stèle.

Le fort Saint-Sébastien de Bitche au début du XXe siècle la légende en allemand le nomme " Fort Sebastian ". Une croix monumentale est érigée devant la chapelle Saint-Sébastien et date du XVIIIe siècle : la Très Sainte Vierge et saint Sébastien sont représentés sur le fût. Sur le fût, la Très Sainte Vierge et saint Sébastien apparaissent, surmontés de deux têtes d'angelots ailées. Le calvaire de Bining représente saint Sébastien et saint Wendelin entourant le Christ en Croix (photographie de Thomas Faber).

Un calvaire est élevé au croisement de la rue Sainte-Croix et de la rue de la montagne, à Bining. Il est élevé en 1888 aux frais des habitants du village par le sculpteur J. Demmerle de Hoelling, sans doute à l'occasion d'une épizootie. Notre-Dame de Lourdes occupe la face du fût, tandis que le Christ en Croix est entouré par les statues en ronde-bosse de saint Sébastien et de saint Wendelin, particulièrement invoqués lors d'épidémies du bétail.

Une croix de chemin est érigée sur le chemin menant au hameau d'Olsberg, quelques dizaines de mètres après la sortie du village de Breidenbach. La croix date des années 1820-1825 et nous présente la figure de saint Sébastien sur le fût-stèle, accompagné d'une sainte femme qui est peut-être la Très Sainte Vierge.


Sur le chemin d'Olsberg à Breidenbach, saint Sébastien est représenté sur une croix de chemin érigée vers 1820-1825 (photographie du Service régional de l'inventaire de Lorraine). Le fût de la croix de Breidenbach représente saint Sébastien et une sainte femme, peut-être la Très Sainte Vierge (photographie du Service régional de l'inventaire de Lorraine). Une croix d'épidémie est dressée en 1737 à Schorbach, représentant saint Wendelin et saint Sébastien. Saint Sébastien est représenté sur le fût de la croix d'épidémie de la rue principale à Schorbach, accompagné de saint Wendelin.


Une croix monumentale d'épidémie est élevée au pied du chevet de l'église Saint-Rémi de Schorbach, en bordure de la rue principale. Datant de 1737, elle représente côte à côte sur le registre inférieur du fût-stèle les deux intercesseurs privilégiés en période dépizootie que sont saint Sébastien et saint Wendelin.

; croix de chemin à Rolbing, au croisement des chemins d'Ohrenthal et de Schweyen

III. Notes et références

1. Notes

        1. Le martyre occasionné par le tir de flèches est appelé martyre par sagittation (2).

2. Références

        1. Jacques de VORAGINE,
La Légende dorée, p. 133-139 (voir bibliographie).
        2. Sébastien (martyr). (2011, juin 16). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 25 juin 2011 (auteurs).

IV. Annexes

1. Bibliographie

  • Jacques de VORAGINE, La Légende dorée, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2004, publication sous la direction d'Alain Boureau, p. 133-139 (lire en ligne sur Wikisource).

2. Liens internes



30 mars 2018

PESTE DES PEINTRES

La peste des peintres : Intervention divine (invocation de Saint Sébastien et Saint Roch)

 
La pieuse Irène 1645 (1)
Saint Sébastien converti à la foi et baptisé, quitta la garde impériale et fut condamné à mort par Dioclétien. En représailles de sa conversion il fut attaché à un arbre et criblé de flèches par les  archers Numides de l’Empereur. Laissé pour mort il fut sauvé par la pieuse Irène 1645 Georges de la Tour (1) qui le soigna et le guérit.    

Repris ensuite par les hommes de Dioclétien il fut fouetté à mort et son corps jeté dans l'égout de Rome Lodovico Carracci :St Sébastien jeté dans le cloaca maxima (2).


 
St Sébastien jeté dans l'égout de Rome (2)
Trois siècles plus tard lors de la peste de 680 son culte apparu comme protecteur de la peste. En effet ayant survécu aux flèches des hommes il était censé protéger ceux-ci des flèches de Dieu. Son culte persista jusqu’à la fin du XVIIIe. 
 
 
Le Martyre de St Sébastien (3)
Le peintre de Padoue Andrea Mantegna lors de son séjour à Mantoue résidait non loin de l’église dédiée à Saint Sébastien. Originaire de Padoue il avait vécue une période d’épidémie de peste ce qui lui permit de représenter Saint Sébastien, attaché à une colonne, le corps transpercé de flèches Andrea Mantegna, le martyre de Saint Sébastien - Musée du Louvre (3)
 
  
Le nom de Saint Roch (patron des pèlerins) est associé à la peste depuis la fin du XVe siècle. Sa vie et ses miracles ont un rapport direct avec la peste. Après des études médicales, il est orphelin et pris en charge par un évêque. Il vendit tous ses biens qu’il donna aux pauvres et partit en pèlerinage à Rome. Arrivé en Italie dans la ville de Agripendante il connu la peste qui y faisait des ravages et se mis à soigner les malades. Un peu plus tard il attrapa lui-même la maladie et se réfugia dans une forêt à côté de Plaisance pour ne pas contaminer les autres. Il dut sa survie à un chien qui lui apportait chaque jour le pain de son maître. Recueilli par le maître de son bienfaiteur canin, il reçut les soins de sa survie. Au XIVe siècle on faisait alors appel à Saint Roch qui avait soigné de la peste un évêque et avait lui-même échappé miraculeusement à la maladie. Soupçonné de trahison (on ne sait pour quelle raison) il fut mis au cachot où il mourut en 1327. Il devint alors un saint guérisseur très populaire :    "Ceux qui atteints de la peste et qui auront recouru à la puissante intercession du bienheureux Saint Roch, chéri de Dieu, en seront immédiatement guéris."
 Depuis le concile de Ferrare (1439), son culte se répandit dans toute l’Europe où il était invoqué comme protecteur lors des épidémies de peste, puis de toutes les maladies contagieuses. Saint protecteur de la peste et patron des pèlerins il est honoré chaque 16 août.        

 
Toile du Château de Dinan
Sa représentation est stéréotypée plus souvent en sculpture qu’en peinture. Dans la représentation picturale du château de Dinan, saint Roch est barbu, recouvert de son manteau de pèlerin, coiffé d’un chapeau à larges bords, tenant un bâton de pèlerin ou bourdon et une besace. Il est accompagné d’un petit chien le « roquet » qui tient un morceau de pain dans sa gueule. Saint Roch soulève son manteau pour montrer un bubon (ganglion témoin de l’infection pesteuse) sur sa cuisse ou sur son aine.                                 
 
 
 
 
 
   
 
 

                                    


30 mars 2018

LA LEGENDE DOREE

La Légende dorée/Saint Sébastien

         
La Légende dorée (1261-1266)

 SAINT SÉBASTIEN, MARTYR
(20 janvier)

 

I. Sébastien, originaire de Narbonne et citoyen de Milan, était animé d’une foi chrétienne très ardente. Mais les empereurs païens Maximien et Dioclétien avaient pour lui une telle affection qu’ils l’avaient nommé chef de la première cohorte, et l’avaient attaché à leur personne. Et lui, il ne portait la chlamyde militaire que pour pouvoir aider et consoler les chrétiens persécutés.

Or comme, un jour, deux frères jumeaux, Marcellin et Marc, allaient être décapités pour s’être refusés à abjurer la foi du Christ, leurs parents vinrent les trouver pour les engager à se laisser fléchir. Leur mère, d’abord, se présenta devant eux, les cheveux dénoués, les vêtements déchirés, la poitrine nue, et leur dit : « Ô mes fils chéris, une misère inouïe et un deuil affreux s’abattent sur moi ! Malheureuse que je suis, je perds mes fils de leur propre gré ! Si l’ennemi me les avait enlevés, je serais allée les lui reprendre au plus fort du combat ; si des juges s’étaient emparés d’eux pour les mettre en prison, je me serais fait tuer pour les délivrer. Mais ceci est un nouveau genre de mort, où la victime prie le bourreau de la frapper, où le vivant aspire à ne plus vivre, et invite la mort au lieu de l’éviter. Ceci est un nouveau genre de souffrance, où la jeunesse des fils, spontanément, se perd, tandis que la vieillesse des parents est condamnée à survivre ! » Ensuite arriva le père, conduit sur les bras de ses esclaves ; et ce vieillard, la tête couverte de cendres, s’écria : « Je suis venu dire adieu à mes fils, qui, de leur plein gré, ont voulu nous quitter ! Ô mes fils, bâton de ma vieillesse et sang de mon cœur, pourquoi avez-vous ainsi soif de la mort ? Que tous les jeunes gens viennent pleurer sur ces jeunes gens obstinés à périr ! Que tous les vieillards viennent pleurer avec moi sur la mort de mes fils ! Et vous, mes yeux, éteignez-vous à force de larmes, pour que je ne voie pas mes fils tomber sous le glaive ! » Puis arrivèrent les femmes des deux jeunes gens, tenant dans leurs bras leurs fils, et gémissant, et disant : « À qui nous confiez-vous, qui prendra soin de ces enfants, qui se partagera vos biens ? Avez-vous donc des cœurs de fer, vous qui dédaignez vos parents, repoussez vos femmes, reniez vos fils ? » Et déjà le courage des deux jeunes gens commençait à mollir, lorsque saint Sébastien, qui assistait à la scène, s’avança et dit : « Braves soldats du Christ, que ces flatteries et ces prières ne vous fassent pas renoncer à la couronne éternelle ! » Puis, se tournant vers les parents, il leur dit : « Soyez sans crainte ! Ils ne seront pas séparés de vous, mais, au contraire, ils iront vous préparer au Ciel des demeures durables ! » Et pendant que saint Sébastien parlait ainsi, il se trouva entouré d’une grande lumière descendue du ciel, et on le vit soudain revêtu d’un manteau étincelant de blancheur, avec sept anges debout devant lui. Et Zoé, la femme de Nicostrate, dans la maison de qui les deux gens étaient gardés, vint se prosterner aux pieds de Sébastien, et l’implora par signes, car elle avait perdu l’usage de la parole. Alors le saint dit : « Si je suis le serviteur du Christ, et si les choses que j’ai dites sont vraies, ô toi qui as ouvert la bouche du prophète Zacharie, ouvre la bouche de cette femme ! » Et la femme, retrouvant la parole, s’écria : « Béni soit ton discours, et bénis ceux qui croient à ce que tu dis ! car j’ai vu un ange debout devant toi et tenant un livre où il inscrivait toutes tes paroles ! » Et le mari de cette femme, se jetant à son tour aux pieds du saint, implora son pardon, après quoi, brisant les chaînes des martyrs, il les pria de s’en aller en liberté. Mais eux, ils déclarèrent que, pour rien au monde, ils ne renonceraient à la victoire qu’ils avaient remportée. Et telles étaient la grâce et la vertu divines de la parole de saint Sébastien que non seulement il fortifia Marcellin et Marc dans la constance du martyre, mais qu’il convertit aussi leur père Tranquillin, et leur mère, et d’autres personnes, qui toutes furent baptisées par le prêtre Polycarpe.

Et le vieux Tranquillin, qui était atteint d’une maladie grave, guérit dès qu’il fut baptisé. Ce qu’apprenant le préfet de la ville de Rome, qui était lui-même très malade, demanda à Tranquillin de lui amener l’homme qui l’avait guéri. Et quand le vieillard lui eut amené Sébastien et Polycarpe, il les pria de lui rendre la santé. Mais Sébastien lui dit qu’il ne guérirait que s’il permettait à Polycarpe et à lui de briser en sa présence les idoles des dieux. Et, le préfet Chromace ayant fini par y consentir, les deux saints brisèrent plus de deux cents idoles. Puis ils dirent à Chromace : « Puisque l’acte que nous venons de faire ne t’a pas rendu la santé, c’est donc que, ou bien tu n’as pas encore abjuré tes erreurs, ou bien que tu gardes debout quelque autre idole ! » Alors il avoua qu’il possédait, dans sa maison, une chambre où était représenté tout le système des étoiles, et qui lui permettait de prévoir l’avenir : ajoutant que son père avait dépensé plus de deux cents livres d’or pour l’installation de cette chambre. Et saint Sébastien : « Aussi longtemps que cette chambre ne sera pas détruite, tu ne retrouveras pas la santé ! » Et Chromace consentit à ce qu’elle fût détruite. Mais son fils Tiburce, jeune homme des plus remarquables, s’écria : « Je ne souffrirai pas que l’on détruise impunément une œuvre aussi magnifique ! Mais comme, d’autre part, je souhaite de tout mon cœur le retour de mon père à la santé, je propose que l’on chauffe deux fours, et que, si après la destruction de cette chambre mon père ne guérit pas, les deux chrétiens soient brûlés vifs ! » Et Sébastien : « Qu’il en soit fait comme tu as dit ! » Et pendant qu’il brisait la chambre magique, un ange apparut au préfet et lui annonça, que le Seigneur Jésus lui avait rendu la santé. Alors le préfet et son fils Tiburce et quatre mille personnes de sa maison reçurent le baptême. Et Zoé, qui s’était convertie la première, fut prise par les infidèles et mourut après de longues tortures ; ce qu’apprenant le vieux Tranquillin s’écria : « Voici que les femmes nous devancent au martyre ! » Et lui-même fut lapidé peu de jours après.

Or, saint Tiburce reçut l’ordre d’offrir de l’encens aux dieux, ou bien de marcher pieds nus sur des charbons ardents. Alors, ayant fait le signe de la croix, il se mit à marcher sur les charbons ardents, en disant : « Il me semble que je marche sur un lit de roses. » Et le préfet Fabien lui dit : « Oui, je sais que votre Christ vous a enseigné des artifices magiques ! » Mais Tiburce : « Tais-toi, malheureux, car tu n’es pas digne de prononcer ce saint nom ! » Et le préfet, furieux, lui fit couper la tête. Quant à Marcellin et à Marc, ils furent attachés à un poteau, et là ils chantaient joyeusement : « Quelle belle et douce chose, pour deux frères, d’être réunis…, etc. » Alors le préfet leur dit : « Malheureux, renoncez à votre folie, et regagnez votre liberté ! » Mais eux : « Jamais nous n’avons été aussi heureux, et nous te supplions de nous laisser ainsi jusqu’à ce que nos âmes soient délivrées de l’enveloppe de nos corps ! » Sur quoi le préfet leur fit percer le flanc à coups de lance ; et ainsi s’acheva leur martyre.

Après cela, ce préfet dénonça Sébastien à l’empereur Dioclétien, qui, l’ayant appelé, lui dit : « Ingrat, je t’ai placé au premier rang dans mon palais, et toi tu as travaillé contre moi et mes dieux ! » Et Sébastien : « Pour toi et pour l’État romain j’ai toujours prié Dieu, qui est dans le Ciel. » Alors Dioclétien le fit attacher à un poteau au milieu du champ de Mars, et ordonna à ses soldats de le percer de flèches. Et les soldats lui lancèrent tant de flèches qu’il fut tout couvert de pointes comme un hérisson ; après quoi, le croyant mort, ils l’abandonnèrent. Et voici que peu de jours après, saint Sébastien, debout sur l’escalier du palais, aborda les deux empereurs et leur reprocha durement le mal qu’ils faisaient aux chrétiens. Et les empereurs dirent : « N’est-ce point là Sébastien, que nous avons fait tuer à coups de flèches ? » Et Sébastien : « Le Seigneur a daigné me rappeler à la vie, afin qu’une fois encore je vienne à vous, et vous reproche le mal que vous faites aux serviteurs du Christ ! » Alors les empereurs le firent frapper de verges jusqu’à ce que mort s’ensuivît, et ils firent jeter son corps à l’égout, pour empêcher que les chrétiens ne le vénérassent comme la relique d’un martyr. Mais, dès la nuit suivante, saint Sébastien apparut à sainte Lucine, lui révéla où était son corps, et lui ordonna de l’ensevelir auprès des restes des apôtres : ce qui fut fait. Il subit le martyre vers l’an du Seigneur 187.

II. Saint Grégoire rapporte, au premier livre de ses Dialogues, l’histoire que voici. Certaine femme de la Toscane, récemment mariée, avait été invitée à la dédicace d’une église de saint Sébastien. Mais, la nuit qui précédait la cérémonie, elle se sentit si vivement stimulée par la volupté charnelle qu’elle ne put s’abstenir des caresses de son mari. Or, le matin suivant, cette femme se rendit cependant à l’église, ayant plus de honte des hommes que de Dieu. Mais à peine entrée dans la chapelle où étaient les reliques de saint Sébastien, un diable s’empara d’elle, et se mit à la tourmenter en présence de tous. Alors le prêtre de l’église la couvrit du voile de l’autel, et aussitôt le diable s’empara de ce prêtre. On conduisit la femme chez des magiciens ; mais, au cours de leurs incantations, une légion entière de démons, c’est-à-dire une troupe de six mille six cent soixante-six d’entre eux, pénétra dans cette femme pour la tourmenter encore davantage. Et seul un pieux vieillard, nommé Fortunat, réussit par ses prières à chasser les diables du corps de la femme.

On lit dans les Annales lombardes qu’au temps du roi Humbert l’Italie entière fut atteinte d’une peste si malfaisante qu’on avait peine à trouver quelqu’un pour ensevelir les cadavres : et cette peste ravageait surtout Pavie. Alors, un ange révéla que le mal ne cesserait que si l’on élevait un autel à saint Sébastien, dans la ville de Pavie. Et l’on éleva aussitôt cet autel dans l’église de Saint-Pierre aux Liens : sur quoi la peste disparut tout à fait. Et les reliques de saint Sébastien furent transportées à Pavie, de Rome, où avait eu lieu son martyre.

 


 
30 mars 2018

PAYS NANTAIS

En 1404, le comté ayant été fort éprouvé par une épidémie, le clergé nantais organisa une procession « moult solennelle et dévote », après laquelle le mal cessa ses ravages. Ces processions étaient alors fréquentes. Chaque année, de nombreux habitants se rendaient en cortège à Saint-Médard de Doulon, à Saint-Donatien, à Notre-Dame de la Blanche de Rezé ; mais c'était surtout vers Saint-Sébastien (aujourd'hui Saint-Sébastien-sur-Loire) — dont le patron était le plus ordinairement invoqué contre la peste — que se dirigeaient les pèlerins.

C'est vers le milieu du XIVème siècle lors des épidémies qui marquèrent cette époque où l'Europe, entre 1346 et 1353, perdit plus de 20 millions d'habitants — que les autorités de Nantes prirent l'habitude d'aller régulièrement faire un voyage de dévotion à Saint-Sébastien pour préserver la ville de la peste.

Cette terrible maladie fit beaucoup de ravages à Nantes en 1488, 1489, 1490.

Au mois d'août 1499, le conseil de ville défendit à ceux qui étaient venus d'un lieu où il y avait contagion de passer par Nantes à leur retour et il ordonna, le 31 août, de porter à « Monsieur Saint-Sébastien » la ceinture en cire de la ville et du château de Nantes pour y brûler devant l'image du saint.

La peste affligeant de nouveau la ville, le conseil des bourgeois ordonna une procession générale à Saint-Sébastien où l'on porta solennellement une bougie de 200 brasses, faisant le tour de la ville, deux trompettes en habit mi partie noir, blanc et violet, chapeau noir, sonnant la marche. Cette longue chandelle du poids de 20 livres un quart, fut portée par les prêtres jusqu'à Pirmil, et de là conduite par eau jusqu'à l'église du saint.

Toutes les paroisses de Nantes envoyaient des cierges à Saint-Sébastien. Celle de Saint-Nicolas en offrait un tous les ans de 80 livres pesant.

Le corps de ville renouvela presque tous les ans jusqu'à la Révolution le pèlerinage à Saint-Sébastien qui ne fut supprimé qu'en 1793.

Ce voyage de dévotion n'était pas d'ailleurs particulier à la ville de Nantes. Des fidèles de presque toutes les paroisses du diocèse, même des plus éloignées, et un grand nombre d'étrangers se rendaient à Saint-Sébastien. Dans ce lieu d'antique vénération, et dont la réputation s'étendait fort au loin, les processions se succédaient nuit et jour pendant une bonne partie de l'année, depuis Pâques (L. Delattre).

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