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SAINT SEBASTIEN DOCUMENTATION
30 mars 2018

ANDREA MANTEGNA

Histoire de Saint Sébastien

Cette huile sur toile réalisée vers 1490 est une oeuvre d'Andrea Mantegna. Elle est exposée à la Ca d'Oro de Venise dont elle est l'une des oeuvres majeures. Pour en savoir plus sur la ville de Venise.

Vie et Martyr de Saint Sébastien

Si de nombreux textes sur la vie de Saint Sébastien fleurissent au cours du Moyen Age, Jacques de Voragine (1228 – 1298), pour sa Légende Dorée, a essentiellement puisé ses sources dans la Passio Santi Sebastiani Martyris, texte  longtemps attribué à Saint Ambroise de Milan (340 – 397).

Saint Sébastien naît à Narbonne vers 260 d’un père  gallo-romain et d’une mère citoyenne de Milan, tous deux chrétiens.

Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro


Il s’engage dans l’armée et, apprécié par les co-empereurs Maximien (244 – 310) et Dioclétien (244 – 311), il est nommé commandant de la première cohorte de la garde prétorienne. Il profitait ainsi de son prestige de centurion primipile pour affermir dans leur foi ses coreligionnaires chrétiens condamnés au martyr. Il intervint de même lorsque les frères jumeaux Marcellin et Marc, cédant aux supplications de leurs parents, épouses et enfants, allaient sacrifier aux idoles et renier ainsi leur foi chrétienne. Impressionnés par les paroles du Saint, ils allèrent alors joyeusement au supplice, et leurs parents se convertirent aussitôt, ainsi que leur gardien Nicostrate dont l’épouse Zoé, muette venait d’être guérie par l’intercession du Saint.

Averti de ce miracle, le préfet de Rome Chromace, très malade, fit venir à son chevet Saint Sébastien et guéri, se convertit aussitôt, ainsi que son fils Tiburce et toute leur maison, à la vraie foi.

Le préfet Fabien fit exécuter immédiatement tous ces nouveaux convertis, baptisés par le prêtre Polycarpe, et dénonça à Dioclétien comme chrétien Saint Sébastien, le propre chef de sa garde. L’empereur, furieux par ce qu’il considérait comme une trahison, le fit attacher à un poteau et percer de flèches par ses propres soldats.

Bien que criblé de traits, au point de ressembler à un hérisson, il n’en mourut point, et une pieuse veuve chrétienne – la future Sainte Irène de Rome – le soigna et le guérit de ses multiples blessures.

Saint Sebastien

 

A peine rétabli, Saint Sébastien se rendit au Palais et reprocha aux deux empereurs l’injustice et la dureté de leur persécution envers les chrétiens. Il fut immédiatement arrêté, battu à mort puis son corps fut jeté dans l’égout principal de Rome, le Cloaca Maxima. Mais Sainte Lucine, avertie par une vision du Saint, retrouva son corps et le déposa dans les catacombes de la Via Appia. Sur celles-ci, restaurées par le Pape Saint Damase (300 – 384), l’empereur Constantin (274 – 337) fit ériger une basilique, d’abord dédiée aux Saints Pierre et Paul, puis à Saint Sébastien. Mais devant les menaces d’invasions sarrasines, ses reliques furent transférées à Saint Pierre aux Liens.

Dans la mythologie grecque la peste est représentée par des flèches tirées par le dieu Apollon, si bien que par analogie à son supplice, la sagittation, dont il réchappa, Saint Sébastien deviendra le saint thaumaturge imploré pour se protéger des épidémies de peste très fréquentes au Moyen Age. De nombreuses églises obtinrent des fragments de ses reliques, mais la translation la plus importante fut celle obtenue par l’abbé Hilduin de Saint Denis pour l’abbaye Saint Médard de Soisson mais ces reliques disparurent pendant la destruction de l’église à la Révolution Française.

Saint Sébastien est fêté le 20 janvier et son attribut est une flèche lorsqu’il n’est pas représenté percé par celles-ci. Il est le Saint Patron de nombreuses villes d’Europe et comme saint militaire, celui des fantassins et des confréries archères.

Les flèches transperçant Saint Sébastien

 

L’oeuvre

Les premières représentations de Saint Sébastien au VIème siècle le montrent âgé et barbu, vêtu d’une toge et portant uniquement dans ses mains la couronne du martyr puis, jusqu’au XIIIème siècle, celui d’un homme au visage exprimant la souffrance, le corps presque entièrement couvert de flèches.

Suite à la découverte du nu antique à la Renaissance Italienne, il devient un jeune homme beau, dénudé, le corps tordu et en extension pour bien exprimer l’élégance de son corps.

Le visage de Saint Sébastien

 

Mantegna peint ce tableau vers 1490 pour l’évêque de Mantoue, Ludovic Gonzague, qui ne put en prendre possession qu’après la mort de l’artiste. Il passera ensuite de main en main avant d’être acquis par le baron Giorgio Franchetti (1865 – 1922) pour la Ca d’Oro dont il est le chef-d’œuvre indéniable.

Le tableau frappe d’autant plus que peint sur un fond sombre et quasi encastré dans ce qui pourrait être un cercueil il se trouve exposé dans une chapelle couverte de marbres précieux.

Au-dessus du visage du Saint, discrètement nimbé, tout de souffrance, bouche ouverte sur un cri, yeux révulsés, chevelure hirsute, se trouve un rosaire de corail rouge, symbole du sang du Christ versé pour le Salut des hommes.

Sa tunique a été rabattue sur ses hanches, exposant, certes, un corps athlétique mais blême et déjà figé par une mort imminente d’où le sang sourde de chacune de ses blessures. Les flèches, plantées dans ses jambes forment un M pouvant signifier le M de mort ou celui de Mantegna. 

A ses pieds, autour d’une bougie prête à s’éteindre comme sa vie, s’enroule une feuille de papier sur laquelle est inscrite la phrase – rien n’est permanent  si ce n’est le divin et  le reste n’est que fumée – exprimant ainsi le désespoir d’une vie trop brève, mais aussi la certitude d’un au-delà éternel.

Au contraire de ses deux autres Saint Sébastien, l’un au Louvre, l’autre à Vienne, Mantegna délaisse ses décors et ses arrière-fonds très travaillés pour ne se concentrer que sur la représentation d’un homme souffrant, bien éloignée de l’image presque érotique tant appréciée au XIXème siècle  des peintres de son époque.

Détail de l'oeuvre de Saint Sébastien par Mantegna

 

En savoir plus sur l'artiste

Andrea Mantegna naît en 1431 dans une famille pauvre de la petite ville d’Isola Corturo en Venetie. Adopté très jeune par le peintre padouan Francesco Squarcione (1397 – 1468) il en devient rapidement l’élève le plus doué. A 17 ans, fâché avec son père adoptif qui ne le paie pas à sa juste valeur, il quitte son atelier, mais déjà connu et apprécié, il reçoit la commande de la décoration (aujourd’hui gravement endommagée) de la chapelle Ovetari de l’église des Eremitani. En 1453 il épouse Nicolosia, la fille du peintre Jacopo Bellini (1396 – 1470) et le succès de cette première œuvre lui assure d’autres commandes pour différentes églises de Padoue.
En 1460 il gagne Mantoue où il devient le peintre officiel de la cour des Gonzague et y réalise son œuvre la plus connue, la chambre dite des époux, du Palais Ducal.
En 1488 il est appelé à Rome par le pape Innocent VIII (1432 – 1492) pour réaliser la décoration (aujourd’hui disparue) d’une chapelle du Vatican. De retour à Mantoue, il reprend ses travaux dont ceux destinés au studiolo (cabinet de travail) de la marquise Isabelle d’Este.
Il meurt en 1506 après s’être exercé à l’art de la gravure où il se montre aussi brillant et inventif que dans ses fresques et peintures.
Mantegna influença fortement tout l’art de l’Italie du Nord par sa maîtrise de la perspective et l’imitation inventive de la nature.

La Ca d'Oro, lieu d'exposition de l'oeuvre de Portia

 

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